Face aux diatribes répétitives de certains lycéens à propos de l'absence d'arguments concernant notre mobilisation nous nous devons de rappeler nos motivations.
En premier lieu nous contestons les méthodes utilisées par le gouvernement à savoir l'intention de passer en force la pseudo réforme (sous forme de décret émanant du pouvoir exécutif), la précipitation de son élaboration (« la guerre éclair est une nécessité dans l'Education. Si on ne va pas vite on ne fait rien » X. Darcos) et la non prise en compte des propositions syndicales (enseignants et lycéens).
Nous reprochons aussi au ministre de l'éducation nationale d'avoir agi dans l'opacité contrairement à l'un des principes de notre démocratie qui prescrit que chaque citoyen doit être informé clairement des décisions gouvernementales.
L'outrecuidance dont fait preuve X.Darcos lorsqu'il parle de sa réforme: « il est interdit d'interdire la réforme »; « je ne serai pas l'ixième ministre de l'éducation à céder! Je serai le premier ministre à tenir bon le cap de la réforme... » et son mépris du mouvement lycéens nous semblent indignes d'un ministre de la République: « Une fois rangés les banderoles, les cercueils, les rimes en os, que restera-t-il sur le fond? C'est une bouffonnerie (parlant de nos manifs) . Ils peuvent défiler mais tout ça ne sert à rien . »
En outre, nous pensons sincèrement que ce décret a pour unique objectif de justifier une politique de restrictions budgétaires qui se caractérise par la suppressions de 13500 postes dès la rentrée 2009 et d'une volonté de supprimer 80 000 emplois à l'Education Nationale d'ici 2012 dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques (non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite) car nous n'avons pas oublié la confidence que faisait Darcos à un prédécesseur: "la plupart des mesures que je prends servent surtout d'habillage aux supressions de postes."
En effet, il existe un rapport direct entre les suppressions de postes et le décret Darcos puisque celui-ci prévoit une considérable réduction des matières du tronc commun ainsi que le remplacement de l'Aide Individualisée en seconde (anciennement assurée par des professeurs) par des heures de soutien assurées par des étudiants ou des surveillants.
Le nouveau lycée que tente de nous imposer X.Darcos ne nous convient en rien puisqu'il remet en cause le principe républicain et donc égalitaire de notre enseignement.
Effectivement, la réforme prévoit d'instaurer un cursus scolaire composé d'un tronc commun et d'un module par semestre. Les élèves les mieux renseignés et qui ont une idée certaine de leur future profession pourront s'orienter correctement. Les autres se trouveront seuls face aux choix de leur orientation (pas d'aide à l'orientation prévue) ce qui pourra accentuer l'échec scolaire.
De plus, une restriction du nombre d’heures enseignées au lycée nuira à la valeur du diplôme du baccalauréat. Excepté pour celles et ceux dont les parents pourront payer des boîtes privées certifiant les connaissances dans tel ou tel domaine! Bref, sans avoir l’air d’y toucher, cette réforme remet potentiellement en cause la valeur nationale du diplôme du baccalauréat et pourrait conduire, contre toute volonté d’égalité sociale, que les plus modestes se voient décerner des diplômes dévalorisés (→Privatisation de l'enseignement public).
Finalement nous constatons avec tristesse qu'une volonté réelle d'empêcher les lycéens de penser par eux-mêmes est entreprise par le gouvernement (cf. remise en cause de l’enseignement de Sciences Economiques et Sociales au profit de la « découverte du monde de l’entreprise », attaques répétées contre l’enseignement de philosophie en terminale…).
Bref, ceci est une réponse à tous ceux qui pensent que nous sommes des feignants gauchisants attendant les vacances, à tous ceux qui pensent que ni nous ni personne ne connaissons vraiment les intentions du gouvernement et à tous ceux qui pensent que nous sommes réfractaires à tout changement. Nous nous sommes renseignés comme devrait le faire chaque citoyen et nous sommes favorables à une réforme du lycée mais pas celle là!